"Cléopâtre" triomphe à la César

"Cléopâtre" triomphe à la César

Hier soir au Dôme, la très convaincante première à Marseille de la nouvelle comédie musicale de Kamel Ouali

Rendons d'abord à César ce qui lui appartient: si les débuts parisiens de Christopher Stills dans ce rôle semblaient donner quelques signes d'inquiétude, il faut admettre que, quatre mois après la première dans la capitale de Cléopâtre, la dernière reine d'Égypte, le fils de Véronique Sanson a pris ses marques et de l'assurance.

Portés par le chaleureux et enthousiaste public du Dôme, c'est toute la troupe de la nouvelle comédie musicale de Kamel Ouali - 44 artistes au salut - qui a brillé, hier soir. Et devrait continuer à le faire tout au long de ce week-end (aujourd'hui à 15h et 20h30, demain à 15h).

Et les décors imposants et rutilants comme les centaines de costumes étincelants ne sont pas seuls la raison de ce nouveau triomphe à l'actif du créateur inspiré et adulé. Un triomphe à la romaine, serait-on tenté de dire, s'il ne s'agissait justement d'illustrer ce fait historique qui a vu la jeune souveraine d'Alexandrie s'allier puis s'aliéner tragiquement à l'Empire de Rome.

Toujours fidèle dans sa reconstitution - il dit lire et consulter beaucoup de biographies - Ouali fait souvent basculer le spectateur dans un show onirique et féerique, riche de danses et de numéros d'acrobatie, où guerre, pouvoir et amour cohabitent avec passion. Dans le rôle-titre, Sofia Essaïdi donne toute sa fougue et son charme à une maîtresse femme dont on dit que le nez aurait changé la face du monde.

Outre César, poignardé comme on le sait par les sénateurs républicains, elle attire dans ses filets de séduction Marc-Antoine, lieutenant de l'empereur défait à Actium par le fourbe Octave (le comédien Mickaël Trodoux). Épouse forcée de l'un, soeur de l'autre, Octavie est incarnée avec conviction par Amélie Piovoso.

En Ptolémée feu follet, Mehdi Kerkouche - qui fêtait ses 23 ans hier soir- est le chouchou du public, prenant la relève de Christophe Maé dans les coeurs. Et il y a Dominique Magloire, une classe au-dessus. Sa voix et son charisme de diva, déjà repérés en nounou de Autant en emporte le vent, éclatent ici sous un soleil radieux. Rien que pour sa voix à donner des frissons, ce spectacle-là mérite une belle reconnaissance.

Par Patrick Merle ( pmerle@laprovence-presse.fr )